par Dmitry Antonov et Mark Trevelyan
La Russie et les États-Unis considèrent que les projets d'accords discutés par Moscou et Kyiv lors des premières semaines de la guerre en Ukraine, qui a commencé en février 2022, pourraient servir de base à un traité de paix, a déclaré le Kremlin vendredi, bien que jugés inacceptables par le président ukrainien, Volodimir Zelensky.
Les projets d'accords, examinés lors de discussions à Istanbul à la fin du mois de mars 2022, prévoient notamment des garanties de sécurité à l'Ukraine de la part des États-Unis, de la Russie, de la Chine, de la Grande-Bretagne et de la France - les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies - à condition pour Kyiv de renoncer à ses ambitions atlantistes et d'accepter un statut de neutralité permanente et dénucléarisé.
Ces accords avaient échoué après que la Russie a demandé, en contrepartie, un droit de veto sur les mesures prises par les États garants de la sécurité ukrainienne en cas d'attaque.
"Il y a eu des négociations très, très convaincantes et substantielles, encadrées par ce que l'on appelle le protocole d'accord d'Istanbul", déclarait le mois dernier l'émissaire américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, à la chaîne américaine CNN, au sujet des accords d'Istanbul.
"Nous sommes passés très près d'une signature, et je pense que nous utiliserons ce cadre comme point de repère pour parvenir à un accord de paix entre l'Ukraine et la Russie", avait-il alors estimé.
Interrogé sur la position de la Russie au sujet des accords d'Istanbul, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré aux journalistes vendredi que le protocole d'Istanbul pourrait servir de base pour un accord de paix.
"À Washington, nous avons également entendu des déclarations selon lesquelles ce texte pourrait devenir une base, un point de départ pour les négociations. Et, bien sûr, le président (Vladimir) Poutine a dit que les négociations pourraient avoir les accords d'Istanbul comme point de départ."
Le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Heorhi Tykhyi, a quant à lui déclaré la semaine dernière que Kyiv n'avait reçu aucune proposition des États-Unis visant à utiliser les documents d'Istanbul comme base de négociations de paix.
Une telle approche avait été rejetée par Volodimir Zelensky en décembre, la qualifiant d'ultimatum exigeant la reddition de son pays.
Le groupe de réflexion américain Institute for the Study of War estimait le mois dernier dans une analyse que les termes du projet de protocole d'Istanbul laisseraient l'Ukraine impuissante face à toute menace future de la part de la Russie.
"Il (le protocole) est donc totalement incompatible avec la politique américaine actuelle et ne peut servir de base ou de fil conducteur à des négociations qui aboutissent à autre chose qu'à une capitulation devant les exigences russes d'avant-guerre", jugeait alors l'analyse.
(Reportage Dmitry Antonov à Moscou, Mark Trevelyan à Londres et Yuliia Dysa à Gdansk ; version française Etienne Breban ; édité par Kate Entringer)
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